Cinq sculptures, cinq fragments de corps féminins, cinq récits, dix voix de femmes qui les racontent. Erigées est une installation dans laquelle les médiums s’associent pour engager une réflexion sur le corps des femmes. Comment pouvons-nous en disposer librement ? Comment les opinions des autres sur notre corps impactent nos comportements ?
L’œuvre se compose de cinq sculptures blanches, aux allures de mâts totémiques. Sur ces totems nous pouvons distinguer le moulage d’un nez, d’une bouche, d’un œil, d’une oreille ou d’une main. Enveloppés de tarlatane, ces fragments de corps féminin, oscillent entre force et fragilité : ils semblent tout droit sortis d’un écrin, tel de précieux bijoux à protéger, et pourtant ils apparaissent fièrement érigés au sommet de ces sculptures.
En déambulant autour de ces formes verticales, le visiteur peut entendre cinq récits – La Tignasse, Les Tresses, La Pelade, Les Dreads, Les Sourcils – joués en boucle tout au long de l’exposition. Les narratrices des récits, confient une expérience liée à leur pilosité ou à leurs cheveux. Ces textes dont je suis l’auteure, sont issus des témoignages de cinq femmes recueillis au fil du temps. Pour élaborer cette bande sonore, j’ai demandé à quinze femmes de lire ces récits, d’en prendre possession, comme si ces histoires étaient les leurs.

Bien que ces récits soient indépendants les uns des autres, ils semblent ici se répondre par la composition et la scénographie de l’installation. En associant ces sculptures et ces récits, l’œuvre engage une réflexion sur le corps de la femme. Comment chacune peut-elle en disposer plus ou moins librement ? Comment ce corps peut-il être regardé et perçu ? Comment les opinions des autres sur le corps de femme impactent certains de leurs comportements ?

Finalement, l’œuvre nous interroge sur « ce petit fragment d’espace avec lequel, au sens strict, je fais corps »
1.  Érigées met aussi l’accent sur la sororité dont les femmes peuvent tisser, dépassant parfois toute frontière ou tout langage. Côte à côte, tout en affirmant leur individualité, ces sculptures parlent d’une seule voix, parvenant à s’ériger devant nous, afin d’ensemble faire corps. 
1 :Michel Foucault, Le corps utopique, Paris, France, Lignes, 2009.
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© Les photographies ont été réalisées par Samuel Schanen
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